Les douleurs à la défécation, c’est pas glamour, mais très important d’en parler. En effet, nous évoquons rarement à un repas de famille si c’est normal ou pas d’avoir mal en allant à la selle. Quand cela devient récurrent, on prendrait même ce symptôme pour la normalité. C’est vrai, on ne parle pas de la fréquence des selles dans une journée ou semaine, alors comment pourrait-on savoir ce qui est normal ou pas ?
Lorsqu’on le fait remarquer au médecin traitant parce que ça fait mal quand même, on nous renvoie vers le fait que l’on a mangé ceci ou cela, que c’est peut-être une fissure anale et basta. Tu repars au maximum avec une ordonnance pour une crème apaisante. Et puis des années plus tard tu te retrouves avec des lésions, adhérences, nodules… (merci l’endométriose) qui empêchent le bon fonctionnement de ton corps. Alors voilà à quoi il va servir cet article : à te donner des repères pour savoir si oui ou non tu as des douleurs à la défécation et comment les décrire. J’espère que pour toi, ce sera pris à temps. Bonne lecture, et si tu as des questions, n’hésite pas ! 💛
Comment savoir si on a des douleurs en allant à la selle ?
Quand ça fait des années que tu vis avec plein de douleurs, tu finis par ne même plus savoir où tu as mal et où tu n’as pas mal. En particulier quand au début tu as essayé d’en parler à des professionnels de santé qui ne t’ont pas crue ou prise au sérieux. Il y a un moment tu lâches le morceau et tu apprends à survivre avec ces douleurs, jusqu’à parfois oublier qu’elles ne sont pas le reflet de la normalité.
Pour l’anecdote, lors de mon premier rendez-vous pour l’endométriose, quand on m’a demandé si j’avais des douleurs en allant à la selle, j’ai hésité.
J’ai dit que pendant mes règles, c’était un enfer. Ce qui est vrai. En revanche, ce que je ne savais pas encore à ce moment-là, c’est que la douleur que je ressentais en permanence en y allant, n’était pas la normalité. Je savais juste que “c’était pire pendant les règles”.
Puis, ça m’est resté dans la tête donc j’ai posé la question à mon conjoint en lui décrivant les sensations que j’avais en allant à la selle. Il m’a dit que non, ça ne lui arrivait jamais et que c’est pas trop censé faire ça, encore moins tout le temps. Bon, là j’ai pris conscience que j’avais tout le temps mal et qu’il y avait un truc qui clochait.
Je me rappelle la première fois après l’opération et avoir repris un régime alimentaire plus varié, j’ai paniqué. Depuis les toilettes, j’ai appelé mon conjoint, et je lui ai dit “c’est trop bizarre je crois que c’est pas normal je sens rien, j’ai rien senti je te dis, faut appeler le chirurgien !!!”.
Et lui, complètement perdu qui me répond “mais comment ça ? Bah justement c’est censé être comme ça, tu sens rien ou presque rien sauf si tu as mangé un truc pas top et que tu as la diarrhée ou que tu es très constipé”.
La révélation, je vous dis pas. 😅
À 26 ans, j’ai compris ce que ça faisait d’aller à la selle comme les autres humains.
Rien. Et quelle joie ! 🥳 (Je ne m’en suis toujours pas remise !)
Pourquoi j’ai choisi de vous partager cette anecdote ? Parce que si on te le dit pas, tu peux pas savoir ! Il n’y a pas de honte, c’est important car on va à la selle une à deux fois par jour, ou en tous cas, au moins 3 à 4 fois par semaine. Le nodule qui bouche la quasi totalité du rectum, je ne le souhaite à personne, ni les douleurs qui vont avec. Donc j’espère que cet article sera utile à certaines d’entre vous pour que votre endométriose soit détectée plus tôt. Et qu’on puisse vous enlever un maximum de douleurs chroniques que nous impose cette maladie.🎗️
Douleurs à la défécation : les signes qui doivent vous alerter
Si personne ne te le dis, tu ne peux pas savoir. De plus, nous sommes relativement habituées à de multiples douleurs en tant qu’endogirls. Parfois il y en a tellement qu’on ne sait plus où l’on a mal, ni quand, ni comment décrire nos douleurs.
Donc si tu ressens :
➡️ des brûlures quand tu fais et après,
➡️ des sensations d’aiguilles qui te piquent au niveau de l’anus,
➡️ de la douleur au passage des selles,
➡️ et ce pendant ou hors période de règles,
… C’est que tu as des douleurs en allant à la selle.
Prends le temps d’y réfléchir car c’est parfois sur le moment même que tu en prendras conscience. Ces douleurs et symptômes gastro-intestinaux font partie de ce qu’on appelle l’endométriose digestive.
Comment l'endométriose peut-elle provoquer des douleurs quand on va à la selle ?
L’endométriose peut provoquer des douleurs lors de la défécation lorsqu’elle forme des lésions sur ou autour des intestins, le rectum, ou le bas de l’abdomen. Ces douleurs surviennent principalement car le tissu endométrial situé en dehors de l’utérus réagit aux cycles menstruels de la même façon que celui qui se trouve à l’intérieur : il s’épaissit, se décompose et saigne. Cependant, ce tissu n’a pas d’issue naturelle pour s’évacuer, ce qui entraîne des inflammations, des adhérences (zones de tissu cicatriciel) et des lésions sur les organes voisins.
Lorsque des lésions se développent dans ou près du rectum ou du colon, le passage des selles peut devenir très douloureux. En particulier pendant les règles, où l’inflammation est à son paroxysme. Honnêtement, dans ces moments-là on y va à reculons et inconsciemment, on adapte un peu notre alimentation pour moins y aller. Sauf que ce n’est, bien sûr, pas une solution durable…
Peut-on se débarrasser de ces douleurs à l'anus ?
Il est possible de soulager ou de réduire les douleurs liées à l’endométriose digestive, mais cela dépend de l’étendue des lésions et des traitements choisis.
Chez certaines femmes, les traitements hormonaux, comme les pilules contraceptives, les progestatifs ou les agonistes de la GnRH, peuvent réduire les niveaux d’œstrogènes dans le corps, ce qui ralentit la croissance des nodules d’endométriose. Toutefois, cela ne les fait pas diminuer de volume. Donc en fonction des atteintes, vous pouvez souffrir tout autant avec cette option. Souvent on utilise plutôt l’option du traitement hormonal en vue d’une chirurgie ou en période post-opératoire.
Dans les cas d’endométriose digestive bien avancées, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour retirer les lésions et nodules présents sur le rectum ou le côlon. Pour ma part, c’était nécessaire au vu de l’étendue des lésions profondes et superficielles mais surtout du nodule qui prenait bien trop de place. La chirurgie, réalisée par laparoscopie dans la plupart des cas, vise à enlever les lésions tout en préservant autant que possible les tissus sains. Cette option peut soulager significativement les douleurs, bien qu’elle comporte des risques de récidive (8-10 ans). Mais à ce jour, c’est la seule méthode qui peut vous aider si vous êtes à peu près dans le même cas que moi. Pour ma part, j’ai réellement découvert l’absence de douleur en allant aux toilettes et ça change (vraiment) tout !
Un régime pauvre en FODMAP, qui limite les aliments fermentescibles (qui mettent du temps à être digérés), aide aussi certaines femmes à gérer les ballonnements (endobelly) et les douleurs digestives en cas d’endométriose. Mais bon, c’est un peu strict à mon goût. J’ai plutôt choisi d’apprendre à reconnaître ces aliments et à mieux les « diluer » dans mon alimentation quotidienne. En effet, je me cantonne à une alimentation anti-inflammatoire qui n’a impliqué que de très faibles changements par rapport à avant. Je suis TRÈS attachée à la nourriture. 😇
La physiothérapie, notamment pour le plancher pelvien, peut améliorer la relaxation des muscles autour du rectum et réduire les douleurs pendant l’évacuation des selles. Testé et approuvé par mes soins avant et après l’opération ! Les exercices de respiration, de relaxation et de renforcement musculaire sont aussi bénéfiques. Au début il faut bien penser à les faire, puis cela devient une habitude. De toute manière, on le sent quand on ne les a pas fait correctement ou suffisamment.


