À 33 ans, Cam raconte son quotidien avec une endométriose profonde et une adénomyose diffuse : douleurs invisibles, parcours PMA, impact sur sa vie pro et familiale. Un témoignage bouleversant pour briser le silence. Sans plus attendre, je vous laisse avec ses mots. ⤵️
Cam – maman, épouse, salariée, et femme qui refuse de souffrir en silence
Je suis Cam. 33 ans. Maman d’une fille de 10 ans. Mariée à une femme. Je vis avec une endométriose profonde et une adénomyose diffuse sur tout l’utérus.
Comme beaucoup, j’ai mis des années à comprendre que vivre dans la douleur n’était pas normal. Pas parce que personne ne m’écoutait, mais parce qu’on nous apprend, en tant que femmes, à tenir bon sans faire de bruit. À souffrir en silence. Parce qu’il y a toujours pire. Parce qu’on ne veut pas déranger.
Des douleurs ignorées trop longtemps
Dès mes premières règles, j’ai souffert. Des douleurs intenses dans les jambes, le dos, le ventre. Des migraines, des troubles digestifs. Et des règles tellement abondantes que je devais protéger mon lit la nuit.
Je continuais malgré tout. J’allais en cours, puis au travail, pliée en deux parfois. Mais c’était devenu ma norme. Une douleur qu’on ne questionne plus.
Un corps en alerte constante
Depuis plus de 15 ans, je ne tolère presque plus rien : le gras, le sucré, l’acide, le salé, les épices. Tout déclenche des douleurs digestives. Je vis avec une fatigue physique constante. Et depuis un an et demi, une dépression liée à l’intensité de ces douleurs et à leur fréquence.
Je suis "à peu près bien" 10 jours par mois.
Le reste du temps, j’essaie de rester debout. D’être présente pour ma famille et mon travail.
Un diagnostic trop tardif
Ce n’est que récemment, dans le cadre d’un parcours de PMA, qu’une IRM a enfin révélé ce que mon corps disait depuis longtemps : Endométriose profonde. Adénomyose diffuse.
Le diagnostic ne m’a pas surprise. Il m’a soulagée. Parce qu’avoir mal n’a jamais été un choix. Et que ce jour-là, enfin, c’était écrit noir sur blanc.
PMA : les blocages, l’attente, le coût
Avec ma femme, nous avons un projet d’enfant. Un projet à deux.
J’ai une fille de 10 ans que j’ai élevé seule. Mais aujourd’hui, nous voulons construire notre famille ensemble.
Le parcours PMA en France est lent. Nous voulions faire une Insémination Artificielle mais après le résultat de l’hystérosalpingographie qui indiquait que les deux trompes étaient bouchées nous avons dû envisager sans autre possibilité une FIV. J’ai attendu 6 mois pour un premier rendez-vous, que j’aurai dans un mois. Mais je sais déjà que le délai moyen, en France, pour un premier essai est d’environ deux ans. Et quand on a, comme moi, un bilan de fertilité peu encourageant, chaque jour qui passe est une chance de moins.
Partir à l’étranger ? Ce serait entre 5 000 et 6 000 euros par essai FIV, sans garantie de résultat.
Et si ça échoue, on n’a pas les moyens de recommencer.
Et tout ça, je le paie aussi… littéralement
Être malade a un coût. Et ce coût est lourd.
Au-delà de la douleur et de l’attente, il y a le coût. Les rendez-vous s’enchaînent, certains spécialisés, souvent hors hôpital : ostéopathe, kinésiologue, naturopathe, psychologue… Des soins qu’on appelle « de confort », comme si apprendre à vivre avec une douleur chronique était un luxe.
La plupart ne sont pas remboursés. Et ceux qui le sont nécessitent souvent des avances de frais importantes. Chaque mois, je dois faire des choix : me soulager un peu, ou préserver mon budget.
Travailler avec la maladie, sans qu’elle ne se voit
J’ai quitté mon ancien poste à cause de l’épuisement. Aujourd’hui, je travaille dans une nouvelle entreprise depuis un an et demi, et je tiens bon. Mais mes journées commencent avec 1h à 1h30 de voiture, suivies de tram ou marche obligatoire.
Debout, dans les transports, je serre les dents. Je n’ose pas demander à m’asseoir. J’ai peur des regards. Parce que je « n’ai pas l’air malade ».
Et pourtant, je le suis. Je fais tout pour cacher ce que je ressens. Mais chaque trajet, chaque station debout, est une épreuve.
Aujourd’hui, je parle
Ce témoignage n’est pas une plainte. C’est ma réalité. Une parmi tant d’autres.
L’endométriose et l’adénomyose ne sont pas des « douleurs de règles ».
Ce sont des maladies qui touchent le corps, la digestion, la sexualité, la santé mentale, le travail, la fertilité, l’équilibre familial.
On attend encore trop souvent des femmes qu’elles encaissent. Qu’elles se taisent. Qu’elles minimisent pour ne pas déranger. Mais moi, aujourd’hui, je ne veux plus souffrir en silence.
Parler, ce n’est pas se plaindre. C’est exister.
Cam.


